Comparaison des découvertes des deux rétrovirus SARS-CoV-2 et VIH

Par Nathalie Hardouin. Institut Jacques Monod

SARS-CoV-2

17 novembre 2019 : premier cas rapporté en Chine.
7 janvier 2020 : les autorités chinoises isolent le coronavirus SARS-CoV-2
03 février 2020 : le génome du SARS-CoV-2 est séquencé
11 mars 2020 : l’OMS annonce qu’il s’agit d’une pandémie
25 avril 2020 : 196 000 décès dans le monde

VIH

5 juin 1981 : premier cas en Californie
Janvier 1983 : à Paris l’Institut Pasteur découvre une activité transcriptase inverse qui confirme la présence d’un rétrovirus. Le 4 février 1983 ce nouveau virus appelé VIH est isolé.
1986 : le génome du VIH est séquencé
Octobre 1987: l’épidémie se transforme en pandémie
Juin 1989 : on estime à plus de 150 000 les cas de SIDA dans le monde.
16 juillet 2012 : pour la première fois un traitement préventif protège les personnes saines de la contamination.

Apport de la recherche fondamentale à la clinique

L’avancée rapide dans l’identification et la caractérisation du SARS-CoV-2 rend compte de l’évolution des méthodes de pointe développées dans les laboratoires de recherche fondamentale qui les utilisent quotidiennement : les techniques de séquençage haut débit ont permis de séquencer très rapidement le génome du SARS-CoV-2 (2,5 mois pour SARS-CoV-2 et 5 ans pour le VIH) et de développer des amorces très spécifiques pour la réaction de PCR. Quant à la technique de PCR en temps réel, elle constitue en ce moment le seul test de dépistage de l’infection par le SARS-CoV-2. Enfin, les outils de bioinformatique permettront d’analyser rapidement les données épidémiologiques.

La transcriptase inverse est devenue un outil très utilisé dans les laboratoires de recherche fondamentale. Le VIH utilise la transcriptase inverse et des intégrases pour infecter l’ADN de l’être humain avec son l’ADN viral. Les inhibiteurs de la transcriptase inverse sont utilisés pour arrêter cette infection.

Le remdesivir est une piste prometteuse pour traiter les malades infectés par le SARS-cov2 : cet antiviral expérimental bloque la réplication du virus en bloquant l’enzyme ARN polymérase ARN dépendante.

Vendredi 1er mai 2020 la société Gilead a obtenu de l’Agence américaine du médicament (FDA) l’autorisation d’utilisation en urgence pour le remdesivir. Un grand essai clinique aux Etats-Unis a conclu que le remdesivir écourtait de 31% le séjour des patients les plus gravement atteints. L’autorisation permet au remdesivir d’être utilisé par les hôpitaux pour les malades graves du Covid-19 qui ont besoin d’oxygène et sont sous respirateurs artificiels.